Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ments donnés à M. Charles Nisard par feu le marquis de La Rochefoucauld-Liancourt et offerts à la Bibliothèque de l’Arsenal par le savant auteur des Ennemis de Voltaire. Ces fragments, considérés quelquefois et à tort comme provenant du portefeuille de Suard, renferment plusieurs passages supprimés par la censure impériale qui ne font point double emploi avec le volume publié en 1829 par MM. Chéron et Thory, mais principalement des articles dont les éditeurs d’alors n’appréciaient pas la valeur, tels que les comptes rendus des salons de 1785, 1787, 1789, etc. Par une coïncidence curieuse, le manuscrit de Gotha est notablement incomplet en ce qui concerne la fin de la Correspondance. Ce n’est pas tout : M. A. Chaudé, qui avait aidé M. Taschereau pour la réimpression de 1829 et qui a même publié seul les quatre derniers volumes, avait pris la peine de relever sur son propre exemplaire les corrections et additions dont il nous a été donné de prendre copie. Quelques-uns portent précisément sur des passages et des membres de phrases qui avaient pu inquiéter la police de Napoléon ; mais d’autres suppressions, volontairement pratiquées dans les séries nouvelles, prouvent que MM. Taschereau et Chaude craignirent d’éveiller les mêmes craintes chez les censeurs de Charles X et que le sous-titre de leur publication[1] manquait tout au moins d’exactitude. Cette collation, nous l’avons refaite à nouveau sur le manuscrit de Gotha et nous avons rétabli minutieusement les épithètes aussi bien que les phrases entières ou incidentes inconnues jusqu’à ce jour.

La coordination de tant d’éléments épars nous démontrait dès lors que la pensée première de ce journal secret appartenait bien réellement à Raynal et qu’on ne pouvait sans injustice passer sous silence la période rédigée par lui, encore qu’elle fût incomplète des années 1752, 1753 et d’une partie de 1754. C’est cette période qui occupe tout ce premier volume et qui s’achève dans le second. La notice préliminaire qui ouvre cette série et celle qu’on trouvera on tête de la Correspondance proprement dite font connaître les particularités qui se rattachent à ces deux entreprises distinctes et néanmoins un moment concurrentes.

  1. « Nouvelle édition où se trouvent rétablies pour la première fois les phrases supprimées par la censure impériale. »