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un acte[1]. Le public s’imaginait que l’auteur, qui a assez d’invention, trouverait le secret d’égayer le sujet. Dans la première scène, Numa ordonne à un de ses confidents, qu’il a fait déguiser sous la forme de grand prêtre, de découvrir par le moyen de Camille, aimée de ce confident, si Égérie est bien persuadée de sa divinité et si elle n’a pas quelque passion dans le cœur. Égérie, cette prétendue déesse, avoue à Camille, sa confidente, qu’elle est lassée de sa divinité, dont elle doute beaucoup, et qu’elle n’est pas insensible aux hommages d’un berger aimable qui vient lui offrir régulièrement de l’encens et des fleurs. Ce berger paraît dans l’instant ; Camille exhorte la déesse à découvrir son amour. Elle répond qu’elle ne pourra jamais s’y résoudre. Camille résiste et soutient qu’une déesse, fût-elle plus belle que Vénus, est obligée de faire quelques avances, et qu’il suffit de mettre dans ses discours quelque dignité. Après ce conseil, Camille se retire. Égérie et le berger ont une conversation froide et languissante : Égérie craint d’en dire trop, et le berger de manquer de respect. Camille, qui est allée rendre compte à Numa de ce qui se passe, vient retrouver Égérie, qui se plaint de la froideur du berger. Camille l’engage à retourner dans son temple où le berger s’est allé prosterner. Numa arrive avec le faux prêtre, et il lui apprend, ainsi qu’à Camille, qu’Égérie est sa fille et non une déesse, et que le berger qu’elle aime est le fils de Rémus, qu’il va les unir, et déclare Tullus, c’est le nom de ce prince, son successeur à la couronne. Égérie revient avec Tullus, et la pièce finit par le double mariage de Tullus et d’Égérie, et du prétendu grand prêtre et de Camille. Cette pièce a deux défauts essentiels : de manquer d’action et de vraisemblance ; d’ailleurs le dialogue est si froid que le public lui a défendu de reparaître.

La seconde pièce est intitulée l’École amoureuse comédie en un acte et en vers[2]. C’est un tableau plein de délicatesse et dans le vrai goût de l’Albane. Julie, jeune, belle et riche, ne veut écouter aucun amant, ni même entendre parler d’amour. Pour vivre plus à son gré elle se retire à la campagne, où trois amies la vont visiter ; une des trois a un frère idolâtre

  1. Imprimée dans les Œuvres de théâtre de l’auteur (Paris 1772, 4 vol. in-12), sous le titre de Égérie.
  2. Imprimée sous le titre de Julie, ou l’Heureuse Épreuve.