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LA CROISIÈRE DE LA « REINE HORTENSE »

Nous partions donc de Peterhead le dimanche 22, à 2 heures et demie du soir ; nous étions à Aberdeen à 7 heures. Là nous avons dîné et visité la ville que nous n’avons pas vue parce qu’en Angleterre on ne voit rien le dimanche, et en Écosse moins que rien. Nous avons eu alors une longue conférence avec le maître de l’hôtel, afin de nous renseigner sur un voyage dans les Highlands.

J’ai écrit à Dubuisson de conduire la Reine Hortense à Cromarty, qui est un bon port près d’Inverness, et de m’y attendre et, à 9 heures du soir, nous nous sommes mis en route dans une calèche découverte. La caisse que nous venions chercher, et qui courait après nous, nous étions destinés, hélas ! à ne jamais la voir. Toujours à cause du dimanche, nous D’avions pas trouvé à Aberdeen le consul de France qui devait nous renseigner sur la caisse. Il était à se livrer aux douceurs de la villégiature à sept ou huit lieues de là. Comme notre route nous faisait passer dans son voisinage, nous nous déterminions à aller chez lui ; mais comme c’était dimanche, personne ne put nous indiquer exactement sa demeure. Nous partions néanmoins pour Banchorg, sa résidence, à l’ouest d’Aberdeen. Nous y étions à 11 heures et demie ; mais il fallait trouver sa maison. Comme c’était dimanche, toute la ville était depuis longtemps couchée, quoiqu’il fût encore jour. Nous frappâmes à plusieurs portes sans avoir des réponses satisfaisantes, probablement parce que c’était dimanche, et puis aussi parce que notre cocher s’obstinait à demander Mistress Craven quand c’était M. Thomson que nous voulions trouver. Mais nous avons expliqué cet entêtement du cocher par l’influence du dimanche. Vers minuit, nous sommes parvenus à la résidence de ce représentant de la France. Ce ne fut pas sans peine que je parvins jusqu’à lui, et que je pus le