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LA CROISIÈRE DE LA « REINE HORTENSE »

deux voitures ; nous avons rejoint un chemin de fer à deux lieues d’ici, et nous sommes allés voir l’abbaye de Melrose, qui n’en vaut pas la peine, et tout près de là Abbotsford, la campagne de Sir Walter Scott, qui en vaut encore moins la peine, en dehors du souvenir. C’est un mauvais style gothique, et tout y est bas et écrasé. Je n’ai été intéressé que par le cabinet de travail, qui est resté tel quel, ainsi que la bibliothèque, le salon, la salle à manger, la salle d’entrée et la salle d’armes. Tout cela est petit et sans aucun goût. L’habitation elle-même est mal placée. Cette terre appartient actuellement à son petit-fils, M. Hope, qui est un Hope quelconque. Les dessins que tu pourras voir d’Abbotsford ne donnent pas du tout une idée du mesquin de l’habitation. Ceux que l′on voit ici représentent un vaste château, et ce n’est pas cela du tout.

Nous étions de retour à Edimbourg, à 1 h. 1/4, après avoir fait nos vingt-cinq lieues, lunché à l’hôtel et repartis à 2 heures pour Glasgow, où nous sommes arrivés à 4 h. 1/4. Pluie continuelle. Visité les ateliers de construction de navires et de machines à vapeur de Napier, le deuxième plus grand établissement de ce genre, et la fabrique de produits chimiques de M. Tennant, qui, entre autres, fabrique 300.000 kilogrammes de savon par semaine. Circulé dans la ville en voiture découverte, malgré la pluie. Assourdis à la porte des ateliers et en chemin de fer par les hurrahs d’un populaire plus déguenillé qu’on ne l’a jamais vu, et repartis à 8 heures pour Edimbourg, où nous sommes à l’hôtel à 10 heures du soir. Là nous attendait un immense dîner, où assistait toute l’expédition : officiers, savants, Prince, etc. Ce dîner était donné par Branicki, qui, étant venu conduire le Prince jusqu’au Havre, s’était décidé à venir avec nous