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correspondance la roncière

t’écrirai de partout par là. Je t’embrasse et Babé. Le Prince m’attend.

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Edimbourg, 31 juin 1856.
Chère Enfant,

Je te commence cette lettre à l’hôtel, à Edimbourg, dans l’intervalle de deux courses. Je n’ai pas une sinécure, je t’en réponds ; mais, jusqu’à présent, cela va. Hier, nous avons fait une forte journée à Newcastle ; nous sommes allés à trois lieues de là visiter la principale mine de charbon du pays. Le propriétaire n’était pas prévenu, en sorte que nous n’étions pas munis des vêtements nécessaires. Il a fallu, en arrivant là, nous affubler de costumes de vrais mineurs ; car, si on va là avec ses habits, ils sont perdus. J’ai donc endossé un gros pantalon de grosse laine, une veste semblable, une cravate énorme et une casquette forme jockey, qui avait un certain caractère. Le tout, beaucoup trop petit pour moi. Le Prince avait, lui aussi, une chemise rouge immense, Piseni une chemise veste rayée gris et blanc, et le tout à l’avenant. Nous sommes descendus ainsi à 500  pieds sous terre, en une minute, dans des espèces de caisses où il fallait rester accroupi. Là, nous nous sommes munis chacun d’un bâton et d’une petite lampe, et nous avons parcouru la mine. Dans certaines parties, les galeries n’ont pas plus de 3  pieds 1/2 de haut. Je m’y suis donné un effroyable coup à la tête ; j’y ai une grosse bosse aujourd’hui. Nous avons circulé là pendant plus de deux heures, examinant en détail tous les travaux des mineurs ; nous avons même