Page:Correspondance intime de l'amiral de La Roncière Le Noury avec sa femme et sa fille, 1855-1871. T. 1,.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
correspondance la roncière

une tournée sur les côtes d’Angleterre et le gouvernement anglais avait prévenu dans tous les ports qu’il pouvait y arriver d’un moment à l’autre. Aussi dès que l′Ariel a paru, le capitaine de pavillon de l’Amiral est venu à bord, et la première parole qu’il m′a dite a été qu’il venait se mettre aux ordres du Prince. L’Ariel est très joli et peint tout en blanc, ce qui lui donne un chic de yacht.

Hier matin, à 7 h. 1/2, selon ce dont j’étais convenu, l’amiral Parker est venu avec toutes les autorités saluer le Prince et nous avons visité l’arsenal très en détail. Pendant cette visite l’amiral est venu me dire qu’on venait d’apprendre qu’on avait tiré sur l’Empereur. Sans rien dire j’ai expédié de suite une dépêche télégraphique en anglais à M. de Persigny, qui m’a répondu, deux heures après, les détails et annoncé en même temps que Malakoff était pris. J’ai appris tout cela au Prince.

Après la visite de l’Arsenal, nous avons parcouru la ville en voiture, toujours avec l’amiral, ce qui nous ennuyait beaucoup ; puis nous sommes allés chez le général commandant le district et de là luncher chez l’amiral. Nous étions vingt-cinq à table. Il était 1 h. 1/2, nous n’avions pris que du thé et des biscuits à 7 heures, et nous avions marché cinq heures de suite sans nous arrêter. Si le vieil amiral Parker n’en meurt pas, il aura de la chance, d’autant plus que le Prince marche avec une vitesse de trois lieues à l’heure.