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correspondance la roncière

Jérôme et armé par huit matelots prêtés par la division de Cherbourg, pour Trouville, à la voile, malgré le mauvais temps qu’il faisait. Au Havre même il faisait assez beau, le vent venant de terre, mais une fois au large, nous avons eu une très grosse mer, et nous avons été pas mal mouillés, surtout en traversant la barre de Trouville. Il y avait le Prince, Pisani, de France et moi.

Il n’y avait pas à songer avec ce temps-là à revenir à la voile. Nous avons fait faire un grand feu dans un hôtel pour nous sécher, puis, le Sous-Préfet de Pont-l’Évêque se trouvant là, il a offert sa voiture au Prince pour le mener chez le prince Murat. Nous y sommes allés, le Prince, le Colonel et moi, conduits par le sous-préfet dans une américaine à un cheval. Les Murat étaient absents, à Honfleur. On les envoya chercher par un homme à cheval ; pendant ce temps nous nous sommes promenés dans les jardins. C’est assez joli, il y a de beaux arbres et le château est original, d’un joli style François Ier, un peu lourd, et séparé par deux ailes sans étage, d’un style récent et de mauvais goût. Le plain-pied du bas est très joli, et la vue est superbe.

Nous avons attendu là jusqu’à 5 h 1/4 et sommes retournés à Trouville ; il y a près d’une demi-lieue et une forte côte. Nous voulions être là à temps pour prendre le bateau à vapeur qui va au Havre. Nous nous sommes promenés sur le quai en attendant l’heure du départ, 6 h. 1/2. À 6 h. 1/4 est arrivé le prince Murat et toute sa famille dans un grand char à bancs à quatre chevaux à la d′Aumont. On a causé là sur le quai au milieu des populations empressées. Le prince Murat voulait absolument garder le Prince à dîner et à coucher ; il m’a pris en particulier pour me dire de déterminer le Prince, lequel y eût consenti volontiers si rabat-joie le colonel n’était venu s’in-