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LA CROISIÈRE DE LA « REINE HORTENSE »


m’a dit quatre paroles, ceci : « Eh bien ! nous avons pris Taganrog ! », voulant me dire probablement qu’on avait pu faire l’expédition sans les bateaux du Rhône. Je lui ai répondu : « C’est justement de cela que je venais faire compliment à Votre Majesté » ; et puis, il a passé à un autre.

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Paris, 23 juin 1855.
Chère Enfant,

Je t’écris de chez le Prince, où j’ai déjeuné et où nous avons causé très longtemps.

L’Impératrice part demain pour les Eaux-Bonnes. Je ne serais pas étonné du tout que l′ Empereur partît pour la Cimée à la suite de l’échec appris hier [1]. Nous avons eu deux généraux de division tués, Brunet et Mayran, ce qui annonce des pertes considérables. Ce sont les Anglais qui sont cause de l’échec. Nous étions maîtres de Malakoff ; en même temps les Anglais attaquaient le redan, mais ils ont rencontré un grand fossé qui n’existait pas précédemment ; ils n’avaient pas emporté de moyens pour le passer ; ils ont dû battre en retraite. Alors les Russes ont tourné les canons du redan contre Malakoff, où nous étions déjà, et nous avons dû abandonner. En somme, c’est une malheureuse affaire, surtout à cause de l’effet moral, car, dans toute guerre, il faut bien s’attendre à quelques revers.

Quelle idée aussi d’avoir choisi l’anniversaire de

  1. (Allusion à l’attaque du 18 juin.