Page:Correspondance intime de l'amiral de La Roncière Le Noury avec sa femme et sa fille, 1855-1871. T. 1,.djvu/55

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préface biographique

avait toujours été croyant. À aucun moment de sa carrière il n’avait cesse de se proclamer tel ; Dieu a sa place dans la plupart de ses ordres du jour et de ses discours. Sans doute, il avait sur les rapports de l’Église et de l’État les idées de son temps que nous trouvons souvent fausses ; mais il avait un profond respect pour la religion et il était convaincu de sa nécessité sociale. Le plus bel éloge, peut-être, que l’on ait fait des Frères des Écoles chrétiennes a été prononcé par lui ; en Orient il s’est montré le défenseur aussi habile qu’intrépide des chrétiens opprimés ; les religieux, les missionnaires, les saintes femmes qui là-bas glorifient la France l’ont apprécié, l’ont aimé ; et nous avons vu qu’il avait désapprouvé la politique qui a touché au Pape. Jamais il n’a éprouvé le sentiment lâche qu’on appelle le respect humain : son pèlerinage à Sainte-Anne d’Auray avec ses officiers et ses équipages est pour lui, au point de vue catholique, aussi honorable que pour le gouvernement impérial qui ne s’y est pas opposé.

Cette attitude religieuse publique de toute sa vie lui a valu, à son agonie, le secours de beaucoup de puissantes prières ; et c’est pourquoi l’abbé Métairie, son ancien aumônier d’escadre, qui, comme tant d’autres qui l’ont connu, l’aimait profondément, a eu la joie de réconcilier son âme avant le grand passage.

Telle m’est apparue la vie du vice-amiral baron de La Roncière Le Noury, dont Je président du Sénat a pu dire : « Il a toujours été un bon serviteur, et parfois un grand défenseur de la patrie.»

Qui se souvient aujourd’hui du hardi explorateur des rivages de Crimée, du chef qui avec trois vaisseaux tint en respect les massacreurs sur les côtes de la Syrie, du