Page:Correspondance intime de l'amiral de La Roncière Le Noury avec sa femme et sa fille, 1855-1871. T. 1,.djvu/50

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préface biographique

cipal de la commune du Vieil-Évreux, où est située sa terre de Cracouville, qu’à intervenir auprès de Bismarck pour obtenir une réduction de la contribution de guerre imposée au département, ou à présider l’inauguration du monument élevé à la mémoire des soldats tués dans l’Eure pour la défense de la patrie. Il trouvait ainsi, dans une activité d’esprit sans cesse renouvelée, un aliment à sa curiosité toujours en éveil.

Lorsque, le 24 mai 1873, M. Thiers fut renversé par l’Assemblée nationale, l’Amiral fut de ceux qui, fatigués de sa personnalité, le mirent en minorité. Bien qu’il ne comptât point parmi les admirateurs enthousiastes du maréchal de Mac-Mahon, il espéra que ce soldat, dont il appréciait l’honneur et la bravoure, allait prendre d’une main ferme le gouvernail de l’État qui lui semblait s’en aller à la dérive. Nous verrons bientôt que cette espérance trop longtemps conservée lui fit commettre la seule faute de manœuvre qu’il ait à se reprocher dans sa vie. Après tant de travaux à terre, l’amour du métier actif le reprenait ; la mer l’attirait toujours. Il reçut en mai 1875 le commandement en chef de l’escadre d’évolutions et hissa son pavillon sur son ancien vaisseau amiral le Magenta, en rade de Toulon.

11 s’agissait de montrer avec éclat dans la Méditerranée orientale nos couleurs et de rétablir dans la France du Levant notre prestige séculaire, que nos désastres avaient entamé. Pour atteindre un pareil but on ne pouvait choisir un commandant d’escadre plus patriote ni plus magnifique.

Malgré ses soixante-deux ans, il avait retrouvé, en montant à bord, son coup d’œil et son audace ; ses officiers, ses équipages, sachant qu’avec lui on verrait du nouveau, l’avaient salué avec enthousiasme.