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préface biographique

taire, il comprenait tout l’intérêt que présentait à un homme comme lui l’entrée à l’Assemblée où allaient se traiter des questions de vie ou de mort pour la nation. Il accepta donc la candidature qui lui fut offerte dans le département de l’Eure, son pays d’adoption, qu’il aimait et où, depuis nombre d’années, il s’était fait aimer. Sans qu’il eût quitté Paris, il fut élu le premier sur la liste du département, par plus de 50 000 suffrages.

L’amiral partit pour Bordeaux, décidé à ne pas refuser au gouvernement son concours technique, et fut nommé, dès son arrivée, membre de la Commission de la marine ; mais, au point de vue politique, il se tint sur une prudente réserve. Son impression, qui fut durable, était que les princes d’Orléans pouvaient prendre le pouvoir. Il n’avait jamais rompu entièrement avec eux, il revit avec plaisir le prince de Joinville et fut l’objet des attentions du duc d’Aumale qui saluait en lui le plus illustre défenseur de Paris. Il ne tarda pas toutefois à comprendre que M. Thiers ne travaillait que pour lui-même, que les Princes manquaient de décision, que leurs partisans les rendaient peu à peu impossibles par leurs imprudences, leurs violences de langage et leurs partis-pris de rancunes politiques. C’est pourquoi, bien que M. Thiers lui fût très modérément sympathique et qu’il eût la vision claire de ses défauts, voyant en lui une volonté, une autorité, il ne fut pas de ceux qui combattirent d’abord son gouvernement.

Il fit partie de la Commission des Quinze, investie de la mission, douloureuse entre toutes, de discuter les conditions de la paix, et de la seconde Commission des Quinze, que l’Assemblée adjoignit au chef du Pouvoir exécutif pendant la Commune. Il devint plus tard président de la Commission de l’armée, membre de la Commission du budget, président de la section de la guerre et de la marine. Il fut question de lui pour l’ambassade de Berlin,