Page:Correspondance intime de l'amiral de La Roncière Le Noury avec sa femme et sa fille, 1855-1871. T. 1,.djvu/43

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préface biographique

dissipe un instant cette nuit angoissante : Paris apprend la victoire du général d’Aurelle de Paladines à Coulmiers qui peut-être, sans l’intervention de brouillons civils improvisés chefs de guerre, aurait eu des lendemains glorieux. Une grande joie éclate ; une grande espérance se lève : l’armée de Paris et l’armée de la Loire vont se donner la main !

Une offensive est décidée sur la Marne, sous les ordres du général Ducrot. Pendant quelle aura lieu, le corps d’armée de Saint-Denis devra opérer une puissante diversion vers Epinay et en avant d’Aubervilliers afin de favoriser le mouvement en occupant l’ennemi sur ces deux points. Dans la matinée du 30, l’amiral fait déployer dans la plaine d’Aubervilliers la brigade Lavoignet, qui occupe Drancy et Groslay, puis, revenu devant Epinay, bombardé par le fort de la Briche, il donne l’ordre au général Henrion de lancer les colonnes d’attaque. Deux compagnies de marins fusiliers s’élancent, escaladant les murs du parc, un régiment de ligne et trois bataillons de mobiles, attaquant le village de front, achèvent de s’en emparer, les Allemands battent en retraite poursuivis par le feu de nos batteries et très éprouvés à 4 heures, l’objectif est atteint. Ce brillant succès, dû à la précision des ordres donnés et à la vaillance de troupes soigneusement entraînées, accrut la popularité de l’amiral de La Roncière dans Paris, que l’offensive manquée du générai Ducrot décevait au même moment.

Le gouvernement de la Défense nationale obéit à l’opinion publique lorsque, le 8 décembre, il éleva l’amiral commandant en chef les marins et le corps d armée de Saint-Denis à la dignité de grand’croix de la Légion d’honneur. Cette récompense est la seule de ce genre qui fut décernée pendant la guerre de 1870 ; ce fut un très beau geste adressé au soldat qui, en ce temps de passions politiques exaspérées, savait les dominer de toute la hau-