Page:Correspondance intime de l'amiral de La Roncière Le Noury avec sa femme et sa fille, 1855-1871. T. 1,.djvu/38

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préface biographique

l’Empereur accompagné du Prince impérial et du prince Napoléon, était parti pour le front. Le 4 août le Prince appelait La Roncière à Metz, sans doute pour lui donner, au sujet de la Princesse et de ses enfants, des instructions qu’il semble avoir assez vivement discutées. Le 12, la baronne de La Roncière Le Noury emmenait à Prangins les princes Victor et Louis et la princesse Marie-Lætitia ; la princesse Clotilde demeurait au Palais-Royal, où la retenait la conscience de son rang et de son devoir.

Tandis que l’armée française, surprise et désemparée, était manœuvrée dans la région de Metz par celle des envahisseurs, on se préoccupait à Paris de la possibilité d’un siège. L’amiral Rigault de Genouilly avait obtenu pour la Marine la mission de défendre l’enceinte fortifiée. Six forts lui avaient été exclusivement confiés : ceux de Romainville, Noisy, Rosny, Ivry, Bicêtre, Montrouge, ainsi que les batteries de Saint-Ouen et de Montmartre ; on réunit en outre une flottille destinée à opérer sur la Seine. Le régiment d’artillerie de marine, des troupes d’infanterie de marine et de gendarmerie maritime furent également appelés à Paris. Enfin huit officiers généraux de la marine furent chargés du commandement de huit secteurs sur neuf qui formaient l’enceinte de la capitale. Les forts de la marine constituèrent deux groupes séparés sous les ordres du contre-amiral Saisset, dont le quartier général était au fort de Noisy, et du contre-amiral Pothuau, qui s’établit au fort de Bicêtre. Le 8 août le commandement en chef des marins armant les forts avait été donné au vice-amiral de La Roncière Le Noury, qui choisit pour chef d’état-major général le capitaine de vaisseau Le Normant de Kergrist et pour chef de service administratif le commissaire de la marine Le Fraper.

Il eut aussitôt le sentiment très net des services que ses marins, en cas de désastre et d’arrivée des Allemands sous Paris, devaient rendre à la défense s’il savait les