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préface biographique

Boulogne, entra dans le port de Saint-Malo, jusque là réputé inaccessible à d’aussi grands bâtiments, et revint en rade de Quiberon faire des exercices de canon.

Il n’avait plus que peu de jours à attendre pour que, ses conditions étant remplies, il dût amener son pavillon. Avant de quitter l’escadre il voulut se signaler par quelque chose de grandiose et de nouveau. Il mit à terre à Auray ses compagnies de débarquement et une batterie d’artillerie, y descendit en grande tenue avec tous ses officiers et s’en alla en pèlerinage militaire à sainte Anne, patronne des Bretons et des marins. L’évêque de Vannes et un immense clergé vinrent à sa rencontre à l’entrée de la ville et de tous côtés les populations affluèrent. Une splendide procession se déroula avec bannières, cantiques, clairons et tambours ; à la messe, à laquelle assistait la princesse Bacciocchi, cousine de l’Empereur, l’amiral prit place dans le chœur, en place de l’évêque ; les marins emplissaient la nef, la musique de l’escadre jouait dans la tribune ; à l’élévation les canons tonnèrent ; et la cérémonie se termina par un déjeuner auquel tous prirent part, jusqu’au dernier matelot.

Ainsi s’affirmait l’esprit primesautier de l’amiral de La Roncière : lorsqu’une chose lui semblait devoir être faite, il la faisait, au risque de se faire blâmer. Le blâme ne vint pas.

Le 16 août 1867, le contre-amiral de Dompierre d’Hornoy prenait le commandement de la division cuirassée de l’Océan.

La Roncière trouva Paris en fête et assista, en observateur avisé et inquiet, aux dernières fusées du grand feu d’artifice que fut l’Exposition universelle de 1867. Il semblait que tout concourût à l’apothéose du gouvernement