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préface biographique

un échec salué avec une égale satisfaction par l’étranger, jaloux de la grandeur prospère de la France, et par les haines des oppositions coalisées.

Il s’agissait de transporter de France au Mexique 40 000 hommes, chiffre qui, pour l’époque, avec le genre de navires dont on disposait, était énorme et n’avait jamais été atteint. Le problème fut résolu sans hésitation, avec une ponctualité et une précision qui firent l’admiration des marines étrangères ; et les communications entre la France et le corps expéditionnaire demeurèrent assurées.

La laborieuse activité du contre-amiral de La Roncière. sa faveur auprès du ministre, la maîtrise avec laquelle il évoluait entre le Palais Royal et les Tuileries, comme jadis au milieu des glaces du Groenland et de Terre-Neuve, la fidélité qu’il gardait dans tous les mondes à des amis de toutes les opinions ne pouvaient pas ne pas lui valoir beaucoup d’envieux. Aussi, lorsque, le 31 juillet 1865, il dut résigner ses fonctions de chef d’état major pour prendre le commandement en chef de la division cuirassée de l’Océan, ceux qui le jalousaient ne manquèrent pas de lui représenter ce changement de situation comme une disgrâce. Il y crut un instant et il se sépara du ministre avec une certaine froideur ; mais il ne lui en voulut pas longtemps. Il fallut peu de jours pour qu’il fût repris par la passion de la mer ; et les trois navires qu’il trouva à Cherbourg et qui formèrent le noyau de son escadre, le Magenta, sur lequel il hissa son pavillon, l′Héroïne et la Flandre, étaient des unités si neuves et si belles que la fierté de les commander compensa le sentiment un peu amer qu’il avait éprouvé tout d’abord en se trouvant placé à son rang de contre-amiral, au-dessous des grands chefs, vice-amiraux et amiraux, qui hier encore le sollicitaient et le courtisaient au ministère. Il était d’ailleurs le premier officier