Page:Correspondance intime de l'amiral de La Roncière Le Noury avec sa femme et sa fille, 1855-1871. T. 1,.djvu/30

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préface biographique

et d’activité, et imposé au personnel une grande somme de travail qu’il savait se faire pardonner en témoignant à ses subordonnés beaucoup de bienveillance et d’intérêt. Il prit là une habitude qu’il devait conserver toute sa vie, celle de recevoir des audiences. Il n’en refusait pour ainsi dire aucune ; et lorsqu’une demande lui paraissait juste, il ne laissait à personne le soin de suivre l’affaire et d’en presser la solution : il s’en occupait lui-même. Il fut donc bientôt assiégé par la multitude des solliciteurs, mais il ne s’en montra jamais ni excédé ni surmené. Il trouva le moyen de suffire à tout : aux audiences, à la correspondance, au travail, tout en demeurant l’observateur attentif et souvent très critique des événements politiques, et en redevenant le soir l’homme du monde qu’attiraient les salons et les fêtes, que Paris amusait. La besogne accomplie pendant son passage au ministère fut immense. Le service à la mer fut rendu moins dur et le décret du 25 octobre 1862 adoucit les rigueurs de l′inscription maritime sans que ces réformes portassent la moindre atteinte à la discipline. La marine française fit mieux que conserver son second rang dans le monde : elle inquiéta l’Angleterre en mettant la première sur chantier des vaisseaux cuirassés. En même temps elle s’organisait puissamment par la création d’une flotte de réserve. Sur les côtes de Syrie, de Grèce, d’Italie, du Sénégal, du Dahomey, de Madagascar, notre pavillon se faisait désirer, craindre, respecter, et le chef d’état-major du ministre prenait une part personnelle à la fondation de notre belle colonie de l’Indo-Chine en s’opposant énergiquement à ce qu’elle fût abandonnée.

Survint l’aventure du Mexique, entreprise dans le but de créer dans l’Amérique du Nord, en face des États-Unis anglo-saxons et protestants, un empire latin et catholique, et qui, sans avoir rallié à l’Empire les esprits que les affaires d’Italie en avaient détachés, devait finir par