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préface biographique

fois, sous le doux et splendide azur du ciel de la Syrie, éclatèrent les scènes tragiques qui devaient désoler le Liban. Le fanatisme des uns, la politique bassement égoïste des autres avivaient dès longtemps les haines séculaires et fomentaient la guerre civile : aussi musulmans et Druses se trouvèrent-ils, à la même heure, debout pour le meurtre et l’incendie.

« Les ruines fumantes de Djezzin, de Rechaya, de Hasbaya, de Deir-el-Kamar, de Zaleh couvrant vingt mille cadavres : deux cent mille chrétiens de toutes les communions errant sans asile, sans vêtements, sans pain : telle se posa la question de Syrie devant l’Europe épouvantés.»

« Ce fut pendant la semaine de la Pentecôte, le 27 mai 1860, que les flammes s’allumèrent et que le sang coula pour la première fois. M. de La Roncière accourut devant Beyrouth avec la Zénobie et les autres bâtiments de la station. Sans son courage et sa présence d’esprit, l’émeute terrible qui éclata le 20 juin dans les rues de la ville se serait terminée par le massacre général des chrétiens. Mais M. de La Roncière tenait l’épée de la France et elle était en bonnes mains ; il l’étendit entre les bourreaux et les victimes. Sa protection couvrait jour et nuit les fugitifs qui venaient chercher l’abri de son pavillon ; sa bourse était ouverte aux malheureux ; en un mot, son intrépidité et son cœur l’élevèrent, pendant de longues semaines, à la hauteur de ses responsabilités redoutables. À chaque ligne, les documents authentiques du temps citent le nom de La Roncière pour l’exalter et le bénir C’est M. Lenormant qui écrit de Beyrouth, le Ier juillet : « Il y a ici quelqu’un qui nous donne brillamment l’exemple : c’est M. de La Roncière Le Noury, le commandant de nos forces navales. Il est impossible de soutenir plus dignement qu’il ne le fait l’honneur du drapeau français. Énergique et calme, humain, généreux, charitable, il est au fond ici l’homme de la situa-