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préface biographique

ceux qui l’avaient connu, sans que l′absence eût affaibli des souvenirs ou interrompu des relations sans cesse entretenues par la correspondance. C’était en effet une des qualités de M. de La Roncière de ne jamais oublier ses amis et de trouver, au milieu des occupations les plus absorbantes, le temps de leur écrire une de ces lettres où il avait le don d’être aimable et de dire beaucoup de choses en peu de mots. Aussi l’accueil fait au nouveau chef de la station sur tous les points de la vaste étendue des côtes qu’il avait à surveiller fut plein de distinction et de déférence. M. de La Roncière regagnait, et au delà, par le prestige calme et puissant qui se dégageait de sa personne, celui qui pouvait lui manquer encore du côté du grade. À la cour du roi de Grèce, à Smyrne, à Beyrouth, à Alexandrie, le simple capitaine de vaisseau était reçu comme le représentant de la France et prenait, sans effort de sa part, sans contestation de la part des autres, le rang auquel lui donnaient droit ses éminents services et ses grandes manières.

« Cette position si large et si haute que se fît, dès le début, M. de La Roncière favorisait singulièrement la solution des affaires ; elle répandait, en outre, sur sa vie comme sur celle de ses subordonnés dont il faisait des amis, un charme inexprimable et de précieuses facilités pour l’exécution de toutes choses. Qu’il s’agît d’une excursion aux ruines d’Eleusis, d’une visite aux carrières de marbre du Pentélique ou à la plaine de Marathon, d’une descente dans la grotte d’Antiparos, d’un pèlerinage aux couvents du Liban, à Jérusalem, à Bethléem ou au monastère du Mont Carmel, d’un voyage d’Alexandrie au Caire ou à Suez, les obstacles s’abaissaient, les portes s’ouvraient, tout allait comme de soi ; et il fallait réfléchir pour avoir la perception nette du bon vouloir qui avait prévu et aplani les difficultés. « Au milieu de cette existence si belle et si utile à la