Page:Correspondance intime de l'amiral de La Roncière Le Noury avec sa femme et sa fille, 1855-1871. T. 1,.djvu/25

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préface biographique

Au moment où allait commencer la campagne d’Italie, La Roncière était donc également en faveur auprès de l’Empereur et auprès du Prince. Et cependant, il n’approuvait pas cette guerre ; il ne se cachait pas pour dire qu’il la trouvait inopportune. Qu’une pareille attitude n’ait pas indisposé le souverain, que l’amitié du cousin n’en ait pas été diminuée et que La Roncière ait obtenu un très beau commandement, voilà qui est à l’éloge des deux princes, quelque opinion qu’on puisse avoir sur leur politique.

Cependant la guerre était déclarée ; les années entraient en campagne et très vite engageaient le fer.

La marine était chargée des opérations contre Venise ; déjà le contre-amiral Jurien de la Gravière bloquait Chioggia ; le vice-amiral Bouët-Willaumez réunissait à Toulon une grande escadre, et le commandant de La Roncière Le Noury, nommé au commandement de la flottille des canonnières, les armait fiévreusement ; toutes ces forces étaient placées sous le commandement supérieur de L’amiral Romain-Desfossés.

La Roncière ne pensait plus à critiquer la guerre ; il n’avait qu’un désir : arriver à temps au fond de L’Adriatique pour aller s’embosser en avant-garde aux endroits les plus dangereux et faire parler ses canons. Aussi, comme il s’irrite des retards, comme il s’en plaint, comme il en souffre ! Cependant l’escadre appareille ; les grands navires prennent Les canonnières à la remorque ; le gros temps oblige à larguer les amarres. Horriblement secoués, La Roncière et ses petits bateaux ont peine à suivre ; enfin, toute la flotte arrive indemne en rade d’Antivari, puis à Lossini, où elle attend. Qu’attend-elle ? La Roncière est exaspéré ; il s’emporte contre la routine des escadres ; tout va être manqué !… On va partir !… Trop tard ! Une dépêche arrive : c’est la victoire de Solférino, c’est l’armistice. Honte pour la marine ! s’écrie le commandant au