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préface biographique

avoir touché la Norvège, la Suède, le Danemark, la Reine-Hortense rentrait à Cherbourg sans avoir éprouvé la plus légère avarie, et son commandant revenait à Paris, où l’attendait la croix de commandeur de la Légion d’honneur.

Il n’y demeura pas longtemps : dès le début de janvier il était à Toulon, commandant le vaisseau l′Eylau dans l’escadre de la Méditerranée. Mais son étoile ne l’abandonnait pas ; le 13 février il était appelé au ministère et mis à la tête de la division de Terre-Neuve. Il y avait alors, entre la France et l’Angleterre, au sujet des pêcheries de Terre-Neuve, des difficultés qui menaçaient de devenir aigües. Il fallait que nos droits fussent défendus, que nos pêcheurs fussent protégés ; et, en même temps, le gouvernement français, toujours très désireux de conserver l’amitié anglaise, souhaitait vivement l’apaisement du conflit. Il importait donc qu’une force suffisante pour faire respecter notre pavillon fût présente là-bas et qu’elle fût confiée à un officier aussi courtois que ferme, capable de négocier avec les représentants de l’Angleterre à Terre-Neuve et dans la Nouvelle-Écosse.

La Roncière arbora son guidon de chef de division sur le Gassendi quitta Brest à la fin d’avril 1858 et toucha à Cadix pour y attendre le Ténare qui devait faire route avec lui. Il retrouva là M. Piscatory, qu’il avait connu ministre de France à Athènes sous le gouvernement de Juillet, et profita de cette relâche pour faire une courte excursion jusqu’à Séville, où résidait le duc de Montpensier.

L’on vit alors un spectacle assez curieux : le commandant d’une division de la marine impériale, ami particulier du prince Napoléon, allant rendre visite à un fils du roi Louis Philippe. Si peu officielle que fût cette visite, il fallait, pour la faire, avoir de l’indépendance et du carac-