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préface biographique

pour la flotte de ravitaillement et de communications avec l’armée ; or, c’est à la baie de Kamiesh que nous dûmes de pouvoir passer l’hiver en Crimée, de maintenir le siège et finalement de nous rendre maîtres de Sébastopol,

Ces opérations particulières n’empêchaient pas le Roland de prendre part aux opérations générales de la flotte et au bombardement de la ville assiégée ; il escortait des convois et rapatriait un grand nombre de soldats turcs atteints du choléra sans que son équipage, continuellement tenu en haleine et astreint à une intelligente hygiène, eût à souffrir du fléau. L’activité du commandant, son habileté manœuvrière, son impassible sang―froid avaient valu à son navire une sorte de popularité glorieuse qui justifia la promotion de La Roncière au grade de capitaine de vaisseau et son entrée au Conseil d’amirauté en février 1855.

Cependant un fait nouveau s’était produit, pour lui de la plus haute importance, et qui influa sur une partie de sa vie : il avait fait la connaissance du prince Napoléon.

En mars 1854 le Roland, rappelé momentanément à Toulon et mis à la disposition du cousin de l’Empereur nommé au commandement d’une division de l’armée, l’avait conduit à Constantinople, puis en Crimée, avec plusieurs personnages de sa maison et de son intimité d’alors, tels que le baron Mariani, M. Nesmes-Desmarest, le comte Branicky et le fameux générai Prim, que les événements d’Espagne devaient bientôt faire connaître et discuter.

Le Prince aimait la mer ; son esprit, mobile comme les flots, ne trouvait un calme et un repos relatifs qu’au milieu de leur agitation ; on le verra jusqu’à la fin de l’Empire emporter sur les immensités des océans, comme pour les y perdre et les y noyer, les indignations, les ironies, les amertumes, les révoltes et les continuelles contra-