Page:Correspondance intime de l'amiral de La Roncière Le Noury avec sa femme et sa fille, 1855-1871. T. 1,.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xv
préface biographique

Cependant l’heure était venue où tous ses vœux de marin et de diplomate allaient être comblés. Nommé le 9 mai 1847 au commandement du Ramier, il se préparait à lever l’ancre lorsque, le 10 juin, il reçut du nouveau ministre de la Marine, duc de Montebello, l’ordre de se rendre à Toulon et d’y prendre le commandement de l’aviso à vapeur la Vedette, destiné à stationner dans le Bosphore à la disposition du baron de Bourqueney, ambassadeur de France à Constantinople. Il devait rester en Orient jusqu’au printemps de 1849 et ne quitter son poste d’observation que momentanément, une première fois en janvier 1848 pour prendre au Pirée M. Piscatory, nommé ambassadeur à Madrid, et remmener en France, une seconde fois pour rallier en mars 1848 l’escadre d’évolutions, commandée par le vice-amiral de La Susse, et assister en rade d’Alger à l’arrivée du général Cavaignac, nommé gouverneur général de l’Algérie.

Sa jeune femme l’avait accompagné à Constantinople ; elle contribua à l’éclat des réceptions et des fêtes tandis que lui, conscient du rôle dominant que la France jouait là-bas, se perfectionnait dans la connaissance des hommes et des choses de l’Orient, tout en entretenant des relations de courtoisie et d’amitié avec les membres du corps diplomatique et les représentants les plus distingués de la colonie française de Constantinople.

Peu démocrate par tempérament, il apprit sans enthousiasme la Révolution de février : heureux d’être loin du pays et militaire, il ne songea qu’à maintenir le prestige du drapeau, facilita par son attitude correcte et par ses relations le rôle du général Aupick, envoyé à Constantinople à la suite du départ de M. de Bourqueney, et acheva de rendre populaires les matelots français et leurs officiers en combattant avec énergie et décision, à la tête de l’équipage de la Vedette, un incendie terrible à Péra, en octobre 1848. En même temps il ne permettait pas qu’on