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préface biographique

voiles et à vapeur de la France et de l’Angleterre, il se sentait destiné à un bel avenir militaire lorsqu’il épousa, le 9 mai, sa fiancée. Il eut en elle une épouse et une admiratrice passionnée qui, loin d’entraver sa carrière, s’y sacrifia toutes les fois qu’il le fallut, et demeura pour lui, jusqu’à sa mort, une amie intelligemment dévouée dont il écoutait toujours et suivait souvent les conseils.

Le 9 août 1844, La Roncière, réclamé à nouveau par le vice amiral de La Susse, embarquait à Cherbourg sur la frégate le Gomer comme aide-major de la division navale qui se formait dans la Manche pour accompagner le roi Louis-Philippe en Angleterre. Il assistait aux fêtes de Portsmouth avec de nombreux officiers qui devaient laisser un nom dans la marine française, tels que Bouët, capitaine de corvette. Penhoat, Dieudonné, Coupvent des Bois, capitaines de vaisseau ; il ramenait à Cherbourg le brick royal la Marie-Amélie et reprenait ses fonctions d’aide de camp du préfet maritime.

Envoyé en mission en Angleterre au commencement de 1845, par le baron de Mackau, ministre de la Marine, il y passa plus de six mois et se fit des amis dans l’aristocratie anglaise ; ses lettres, ses rapports sur le brise-lames de Brighton, sur les équipages des navires anglais, sur la marine à vapeur britannique lui valurent les plus flatteuses félicitations du ministre. Il revint en juillet à Cherbourg, où venait de naître sa fille Marguerite-Henriette, et le 9 mars 1846 il était nommé au commandement du cutter le Renard, chargé de protéger la pêche côtière dans les parages de Granville. Commander ! n’avoir au-dessus de soi personne, être le maître sur son bateau, prendre des initiatives et des responsabilités, manœuvrer librement avec audace, c’était depuis longtemps son rêve ; ce sera la passion de toute sa vie, comme aussi celle d’étudier les hommes, de les connaître et de traiter les grandes affaires avec ceux qui les conduisent.