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correspondance la roncière

de tels sondages. Je t’envoie ci-joint un petit grain de sable qui était à cette profondeur et qu’a rapporté le plomb de sonde. Il était à près d’une lieue un quart de profondeur. C’est assez carieux à garder.

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Je reprends cette lettre, ma bonne petite fille, après un long intervalle. Il n’y a pas eu, pendant mon séjour à Reykjavik, d’occasion pour France, et il n’y en aura que lorsque j’expédierai un bâtiment. Je reprends donc l’historique de notre voyage où je l’ai laissé. Nous avons mouillé à Reykjavik le 30 juin, à 8 heures du matin. Nous y avons trouvé l’Artémise, corvette française chargée de la surveillance de la pêche, le Cocyte et nos trois bâtiments charbonniers. Après les saluts et visites d’usage, nous sommes allés à terre voir cette capitale de l’Islande, qui n’est qu’un véritable village. Il y a 700 habitants. Les maisons sont en bois, n’ayant qu’un rez-de-chaussée et des combles, assez propres d’apparence extérieure, mais sales à l’intérieur. Mous visitons les établissements publics et les principaux fonctionnaires, le gouverneur danois, le maître d’école appelé le recteur, l’évêque et l’apothicaire. De là, nous allons sur une île voisine voir couver les eiders. Les eiders sont une espèce de très grand canard qui fait son nid avec une sorte de duvet qui est l'édredon. C’est une des branches de revenu du pays. Nous en prenons un nid, on empaille la bête, on la place sur le nid où sont les œufs que l’on vide et on joint cela aux collections. Le soir on va pêcher, nous prenons un millier de poissons, des poissons plats surtout. On en fait une distribution générale.

J’avais l’intention de ne rester à Reykjavik que le temps de faire mon charbon. Mais il se trouve que le Cocyte a fait à sa machine des avaries qui nécessitent.