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Est en perplexité du voyage de France a cause de ses incommodités.]

Monsieur Comme touttes vos lettres ont acoustumé de m’apporter un extrême contentement, la dernière pareillement m’a réiouy autant que pas une autre ; car par icelle, oultre que j’entens la bonne santé où vous estes, la nouuelle de l’arivée du tableau de Monsieur de Chantelou m’a osté de la grande peine où j’étois ; d’autans que par le long chemin et dangereus comme il est maintenant, jes doutoiss ques il ni fut arrivé quelque mauuais encombre. Mais puisque il est paruenu entre vos mains sein et sauf, j’estime que ce m’est un bon hoeur ; d’autans que monsieur de Chantelou ne le verra point qu’il ne soit en bonne posture, comme je croy que vous luy mettrés. Et si lui sera agréable, se me sera un des plus grand contentements qui me puisse ariuer. Néanmoins que et vous et luy je vous prie de considérer que en de si petits espaces il est impossible de faire et observer se que l’on sait, et que à la fin ce ne peut être autre que comme une idée de chose plus grande ; qu’il accepte donc tel qu’il est en atendans mieus.

Vous me solicités de partir cet automne sans y manquer ; je vous assure que le retarder icy dauantage ne me tourneroit pas à conte comme l’on dit icy parce que j’ay renoncé à toute mes pratiques ; et mesme depuis que je me résolus de partir jusque à maintenant, j’ay eu l’esprit for peu en repos, mais au contraire casi perpétuellement agité, pensant tous les jours à mille chose, lesquelles par ce nouveau changement me pouroint entreuenir. Ne vous emerueillés point de ce que je vous escrits, car j’ay estime d’auoir