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en toute ses parties les rayons de l’œil soient retenus et non point espars au dehors en[1] recepuant les espèsess des autres obiects voisins qui venant pesle-mesle, avec les choses dépeintes confondent le jour.

Il seroit fort à propos que laditte corniche fut dorée d’or mat tout simplement, car il s’unit très-doucement avec les couleurs sans les offenser[2].

Au reste, si vous vous souuiendrés de la première lettre que je vous escris, touchans les mouuements des figures que je vous prometois di faire, et que tout ensemble vous considériés le[3] tableau, je crois que facillement vous recognoistrés quelles sont celles qui languisent, qui admire, celles qui ont pitié, qui font action de charité, de grande nécessité, de désir de se repestre de cõsolation, et autres, car les sept première figure à main gauche vous diront tout ce qui est icy escrit et tout le reste est de la mesme estoffe : lisés l’istoire et le tableau, afin de cognoistre si chasque chose est apropriée au subiect.

Et si, après l’auoir considéré plus d’une fois vous en aurés quelque satisfaction, mandés le moy s’il vous plaist, sans rien déguiser, affin que je me réiouisse de vous auoir contenté pour la première fois que j’ay eu l’onneur de vous seruir. Si non nous nous obligons à toute sorte d’amende, vous supplians de considérer enquores que l’esprit est pront et la cher débile.

  1. Poussin écrit les e souvent comme des o, on peut soutenir qu'il a écrit, non pas en, mais ou.
  2. « M. Poussin prie toujours qu’à ses tableaux l’on ne mette que des bordures bien simples et sans or bruni », dira Chantelou au Bernin, en 1665 (Ph. de Chennevières, La peinture française, p. 270).
  3. Peut-être ce.