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Observations de Nicolas Poussin sur la Peinture[1].
De l’exemple des bons Maîtres.

Bien qu’à la théorie s’ajoutent les enseignements qui regardent la pratique, tant cependant qu’on ne vérifie pas les préceptes, ils ne laissent pas dans l’âme cette habitude de travailler qui doit être l’effet de la connaissance pratique ; conduisant le jeune homme par voies longues et par détours, ils le mènent rarement au terme du voyage, si l’escorte efficace des bons exemples n’apporte un mode plus court de faire et un but plus précis.

Définition de la Peinture, et de l’imitation qui lui est propre.

La peinture n’est autre que l’imitation des actions humaines qui sont, à proprement parler, des actions

    nat., V. 49918. — Voir, dans les Archives de l’Art français, t. I, p. 193, l’étude de Ph. de Chennevières, sur la mode, au XVIIIe siècle, de mesurer les statues. — Bellori prétendait qu’il avait calculé ces proportions de l’Antinoüs avec François Duquesnoy ; Jean Dughet affirma, par contre, dans un mémoire à Félibien, que son collaborateur avait été l’Algarde, « ajoustant que les proportions que l’on en a données dans l’estampe qui est à la fin de la vie du Poussin [par Bellori] sont fausses, et du dessin du sieur Errard ». — Ces Observations ont été également traduites par M. G. Rémond, p. 53.

  1. Félibien disait avec raison que « les Mémoires que le Poussin avait laissés étaient plutôt des études et des remarques qu’il faisait pour son usage que des productions qu’il eût dessein de donner au public ». C’est pourquoi il avait eu la discrétion de ne pas les prendre chez Bellori, se rappelant sans doute que Poussin professait « de ne donner jamais le lieu de franchise aux choses de sa profession qu’il connaissait estre mal faites et mal dites » (lettre à Abraham Bosse, 1650 ; voir plus haut, p. 421).