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mort du fameux M. Poussin, ou plutôt de la peinture elle-même ; Elle survint le 19 novembre vers midi, avec des sentiments si pieux que les prêtres qui l’assistaient, émus d’une douleur inusitée, pleurèrent eux aussi la fin d’un génie si célèbre. V. S. Illme m’excusera si jusqu’à cette présente, je ne vous en ai pas fait part ; les affaires qui suivent en de telles occasions furent la cause qui m’en empêcha. Trois jours avant que ledit Poussin passât à l’autre vie, il me recommanda, non seulement de vous écrire, mais de vous envoyer copie de son testament, après que V. S. Illme lui fit la grâce de le mander à son héritier, qui se nomme Jean le Tellier, fils de Nicolas le Tellier et de Marie Honorati. V. S. Illme m’excusera donc si j’ose avec une telle liberté exécuter les recommandations du défunt ; il ajouta encore que j’écrivis à V. S. qu’il lui demandait humblement pardon et que s’il n’avait pas été dans une extrême nécessité, il n’aurait pas ajouté cette obligation dernière à tant d’autres, infinies, qu’il m’a dit vous avoir. Je vous envoie le testament dans ce pli. V. S. daignera l’ouvrir, le lire et l’expédier le plus vite qu’il vous sera possible, comme je l’espère de votre extrême amabilité, afin que nous puissions, au plus tôt qu’il se pourra, effectuer les ordres du testateur. Je supplie aussi ardemment V. S. de vouloir bien me faire la grâce pour l’honneur du défunt, de faire en sorte que l’héritier consente à la dépense du tombeau en mémoire d’un si grand homme. Elle se monterait environ à 50 doubles ; quant au reste je me tiendrais pour très

    bien, Entretiens, t. II, p. 54). — « … Monsieur Pierre Le Maire, qui lui était très cher autant pour son mérite de peintre que pour la longue amitié qui les unissait » (Bellori).