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gations que je doibs à vostre Infinie bonté, car elles sont telles, que je n’ay jamais osé désirer les biens que je repçois de vostre libérale main, ny mesme osé espérer à tant d’honneur que de me voir fait digne par vostre grâce de seruir au plus grand et plus juste[1] Roy de la terre, mais puisque il a plu à vostre bonté de me faire cet honneur, je tascheray au moins à ne diminuer en rien la bonne oppinion en laquelle vous m’aués, et quand et quand je tascheray à me monstrer ausy obéissant comme mon debuoir le requert en fesant toutte sorte de dilligence pour me mettre en chemin de vous aler servir, espérant, s’il plaist à dieu, que se sera l’automne qui vient ; et nuse manqué de partir Incontinent[2], si se neust esté pour ne pas perdre la bienueillanse de tant d’honnête gens qui à mon absense mesme peuuent tenir la protextion de ce que j’ay de plus cher en ce monde, vous me concederés donc (Monseigneur) encore cette grâce, s’il vous plaist, de demeurer icy ce peu de temps, pour pouuoir donner satisfaction à mes amis. Que s’il vous plaist d’ordonner autrement pourueu que j’en aye le moindre signe du monde je n’auray égart à autre chose qu’à vous obéir comme à mon maistre et bienfacteur deuant qui je m’incline déuotieusement et prie dieu de tout mon cœur qu’il luy plaise vous élargir toutes les biens désirables.

Le plus humble de tous
vos humbles seruiteurs

Poussin

de Rome ce vintiesme de feburier 1639.

  1. Allusion au surnom du roi : Louis XIII le Juste.
  2. Au début des mots, Poussin écrit souvent la lettre I par une majuscule.