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nous bat encore un peu. J’ay eu tout loisir de Lire et examiner vostre liure de la parfaitte Idée de la Peinture qui a seruy d’une douce pasture à mon âme affligée, et me suis resjouy de ce que vous estes le premier des François qui auez ouuert les yeux à ceux qui ne voyoint que par ceux d’autruy[1] se laissant abuser d’une fausse opinion commune. Or vous venez d’échauffer et amolir une matière rigide et difficile à manier De sorte que désormais Il se pourra trouuer quelqun qui dessous vostre guide nous pourra donner quelque chose du sien au bénéfice de la Peinture.

Après auoir considéré la Division que faict le Seigneur Franc. Junius[2] des Parties de ce bel art Jay osé mettre icy brièuement ce que j’en ay apris.

Il est nécessaire premièrement de scauoir ce que c’est que cette sorte d’Imitation et la Définir.

Définition

C’est une Imitation faicte auec lignes et couleurs en quelque superficie de tout ce qui se voit dessoubs le Soleil, sa fin est la Délectation.

Principes que Tout homme capable de Raison peut aprendre.

Il ne se donne point de visible sans Lumière. Il ne se donne point de visible sans moyen transparant.

    sans doute aussitôt après qu’elle a été écrite et de la main de Chambray ou de Chantelou. — Ici, d’abord cependant, corrigé en pendant.

  1. Avant ceux d’autruy, on avait d’abord écrit : leurs derateurs (?).
  2. François Junius, De Pictura Veterum libri tres, Amsterdam, 1637 : « C’est un ouvrage d’une prodigieuse érudition, qui fut lu et loué par tous les grands artistes du xviie siècle… » (Ph. de Chennevières, Peintres provinciaux, t. IV, p. 119).