Page:Correspondance de Nicolas Poussin (Jouanny, 1911).djvu/47

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lités qui me seroint mal séantes. J’ay donc résolu de le traicter comme homme à qui je suis obligé : et puis quand je seray de par delà, je scauroy forbien le recognoistre mieuss. Acommodés donc l’affaire avec luy comme il vous semblera à propos. J’en désirerois enquore deus cens esqus d’ici, fesant conte de luy en donner cent et plus : toutefois qu’il face ce qui lui plaira[1]. Car quand je luy escriray, je ne luy parleray d’autre chose, sinon que son tableau est fini, et qu’il ordonne ce que j’en auray à faire, et às qui je le dois conseigner, pour luy faire tenir. Vous me feriés ausi un grand plaisir, si vous pouuiés scauoir à quoy l’on me veut employer et quel desein a Monsieur de Noyers de faire rechercher de ce pays icy tant de peintres, sculteurs et architectes : mais je ne voudrois pas qun autre que vous seut ma curiosité.

Les choses que vous me demandés, comme l’azur et les autre choses, je vous les porteray, dieu aidans.

En la lettre que Monsieur de Nouyers m’a escrite touchans mes conditions, il en a oublié une qui est principale : car outre le voyage et les gages, il ne me parle point du payement de mes oeuures. Je croy bien qu’il enten aisi ; mais estant resté en doubte, je n’oserois en parler que à vous seul. C’est pouquoy je vous prie de tout mon coeur de m’escrire segrètement, comme vous croyés qui l’entends. Du reste toute mon affere va bien ; mais quand j’ay eu pensé au choix que me donne le dit Monseigneur de Noyiers[2] d’habiter à Fontainebleau ou à Paris, j’ay

  1. Phrase ajoutée, en très fin, dans la marge.
  2. Dans les deux cas, Poussin avait d’abord écrit, peu lisiblement d’ailleurs, Lavrillière, puis il effaça et surchargea par : Noyiers.