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gneur de Noyers, celle de monsieur de Chanteloup et la vostre. L’une et l’autre m’ont fait cognoistres apertement le bon prédicament auquel vous m’aués mis enuers tous ; et véritablemt l’onneur, les caresses et les offres que l’on me fet sont trop grands pour le peu de mérite que j’ay. Mais puisque dieu et la bonne fortunes le veut ainsi, l’on ne me sauroit tant faire de bien que je ne l’endure. Je me suis donc résolu de me partir d’icy, comme vous scaués, pour aler seruir mon prinse. Ce que j’aurois fet incontinent le beau temps venu ; mais après auoir considéré dilligemment toutes mes afferes, j’ay trouué qu’il m’est impossible de faire mon voyage plus tost que à l’automne prochain. Veu, outre mes autres affaires, que j’ai trois ou quatre tableaux commensés, sans parler de celui de monsieur de Chanteloup, lesquels il faus que je finisse, estant tous pour des personnes de considération desquels je veus sortir honnestement, comme de tous mes amis de par desà désirant d’en cõserver l’amitié et bienueillance. J’en escriray à Monsieur de Noyers ; mais je vous suplie de le prier encore, vous, d’auoir un peu de pasience, et de considérer que la délibération mienne et ses commandemens sont venus comme à l’impourueu, estans desià engagé dans les présentes affaires.

Je vous suplie au reste de me dire comme il vous semble que je m’aye à gouuerner enuers monsieur de Chanteloup, touchans son tableau. Il sera fini pour la mi-Caresme : il contient, sans le paisage, trente sis ou quarante figures, et est, entre vous et moy, un tableau de cinq cents escus comme de sinq cents testons. De sorte me trouuans son obligé maintenant je désirerois le recognoistre ; mais de luy en faire un présent, vous jugerés bien que ce seroint des libéra-