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soit au Louvre, à Paris, ou à Fontainebleau, à votre choix ; que je vous le feray meubler honestement pour la première foys que vous y logerez, sy vous le voulez, cela estant à votre choix ; que vous ne peindrés point en Platfonds ny en voûtes, et que vous ne serez obligé que pour cinq années ainsy que vous le desirez, bien que j’espère que, lorsque vous aurés respiray l’air de la patrie, difficilement le quitterez-vous.

Vous voyez maintenant clair dans les conditions que l’on vous a proposées, et que vous avés désirées. Il reste à vous en dire une seulle que je vous impose, qui est que vous ne peindrez pour personne que par ma permission ; car je vous faits venir pour le Roy non pour les particulliers, ce que je ne vous dis pas pour vous exclure de les servir ; mais j’entends que ce ne soit que par mon ordre. Après cela, venés gaiement et vous assurés que vous trouverés icy plus de contentement que vous ne vous en pouvés imaginer.

De Noyers.

De Ruel[1], ce 14e Janvier 1639.

A Monsieur Poussin.


4. Louis XIII à Poussin
(Félibien, p. 22.)

Cher et bien amé, Nous ayant été fait rapport par aucuns de nos plus specieux serviteurs de l’estime que vous vous êtes aquise, et du rang que vous tenez parmi les plus fameux et les plus excellents Peintres de toute l’Italie, et désirant, à l’imitation de nos Pré-

  1. Ruel, la maison de campagne de Richelieu, à côté de qui se tenait M. de Noyers. Jean Le Maire y avait peint une perspective de l’Arc de Constantin, dont on peut voir la gravure dans Champier et Sandoz, Le Palais-Royal, t. I, p. 33.