Page:Correspondance de Nicolas Poussin (Jouanny, 1911).djvu/39

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donner la charge de Surintendant de ses batiments, il me vint en pensée de me servir de l’authorité qu’elle me done por remettre en honeur les arts et les sciences ; et comme j’ay un amour tout particulier por la peinture[1], je fis desseing de la caresser comme une maistresse bien aimée, et de luy doner les primices de mes soings. Vous l’avés sceu par vos amys qui sont de deça[2], et comme je les priay de vous escrire de ma part que je demandois justice à l’Italie, et que du moins elle nous fist restitution de ce que elle nous retenoit depuis tant d’années, attendant que, pour un’entière satisfaction, elle nous donat encores quelqun de ses nourissons. Vous entendés bien que par là je repetois Monsieur le Poussin et quelquautre excellent Peintre Italiam et affin de faire conoistre aux uns et aux autres l’estime que le Roy fesoit de vostre personne et des autres homes rares et vertueux comme vous, je vous fis escrire, ce que je vous confirme par celle-cy, qui vous servira de première assurance de la Promesse que l’on vous faict jusques à ce qu’à votre arrivée je vous mette en main les brevets et les expéditions du Roy : que je vous enverray mille escus pour les frais de votre voyage ; que je vous feray doner mille escus de gaiges pour chacun an, un logement commode dans la maison du Roy,

    étude sur ce collaborateur de Richelieu, qui fut le protecteur de Poussin. Selon Sauvai, les Chantelou étaient neveux de M. de Noyers.

  1. On sait cependant que M. de Noyers a été accusé d'avoir fait détruire, par scrupule de conscience, la fameuse Léda de Michel-Ange, qui était conservée au château de Fontainebleau, dont il avait la garde (voir Roger de Piles, Vie des peintres, en 1699).
  2. Les peintres Stella, Lemaire, Errard, etc., suppose avec raison H. Chardon.