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avait quelque envie) ; étant peint avec un Annibal monté dessus, armé à l’antique. Pour vos dessins[1], j’y pense chaque jour, et bientôt j’en finirai quelqu’un.

Le plus humble de vos serviteurs,

Poussin


2. — Fragment à Stella[2].

« Il fit encore dans le même temps [vers 1637] deux Tableaux, l’un pour la Fleur, Peintre[3], où il représenta Pan et Syringue[4] ; et l’autre pour le sieur Stella[5], où l’on voit Armide qui emporte Regnaud[6].

  1. Cassiano del Pozzo était grand amateur de dessins : « … entre une infinité de rares dessins qu’il nous fit voir et dont il avait fait une recherche toute particulière… » (Félibien, Entretiens sur les vies, etc., éd. 1705, t. II, p. 59).
  2. L’original de cette lettre est perdu, comme celui de toutes celles adressées à Stella. Ces fragments nous ont été conservés par les citations Félibien, éd. 1706, p. 19. — La comparaison des citations de Félibien avec l’original, quand il existe encore, établit la fidélité de la reproduction, à quelques rajeunissements près dans la forme.
  3. Nicolas-Guillaume, dit La Fleur, mort en 1663. Il était alors logé au Louvre et prenait le titre de « peintre du roi ». Son surnom lui venait du genre qu’il affectionnait. En 1638, il travaillait à Rome, et c’est alors sans doute que Poussin le connut (voir Rob. Dumesnil, Le peintre graveur français, t. IV, p. 11).
  4. Pan et Syrinx, actuellement au Musée de Dresde.
  5. Jacques Stella, né à Lyon en 1596, mort à Paris le 20 avril 1657. Il arriva à Rome en 1623, c’est-à-dire un an avant Poussin, et y devint pour toujours « son très tendre ami » (Bellori, p. 17). Ph. de Chennevières (La peinture française, p. 273) a délicatement retracé l’attachement inaltérable que Poussin témoigna à la famille de Stella, après la mort de Jacques, et la piété dont cette « honnête tribu de Lyonnais fidèles » le paya de retour. C’étaient des peintres et graveurs estimés. Le porttrait de Condé, qui figure dans le trophée de M. le Prince à Chantilly, est de Stella (peut-être Poussin, par Chantelou, un moment secrétaire du duc d’Enghein, n’est-il pas étranger à cette commande ?).
  6. Actuellement au Musée de Berlin (no 288 du Catalogue de Smith).