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Ho disegnato l’elefante, del quale (perchè m’è paruto, che V. S. Illm̃a n’aveva qualche desiderio) gliene farò un présente ; essendo dipinto con un Annibale montato su, armato all’ antica. Per i suoi disegni, ci penso ogni dì, e presto ne finirò qualcheduno.

Il più umile servo de’ suoi

PUSSINO.
Au Seigr Commandeur Cassiano del Pozzo[1].

Il se pourrait que Votre Seigneurie[2] m’estimât importun et indiscret puisque, après avoir reçu tant de politesses de sa maison[3], presque chaque fois que je lui écris, j’ai à lui demander quelque récompense. Mais jugeant que ce qu’elle m’a fait est l’effet d’une nature bonne, noble et secourable, je me suis enhardi encore cette fois à lui écrire la présente, ne pouvant moi-même venir la saluer à cause d’une incommodité qui m’est survenue, pour la supplier de toutes mes forces de m’aider en quelque chose, en ayant tant besoin[4], car la plupart du temps je suis malade, encore que je n’aie nul moyen de vivre que le travail de mes mains. J’ai dessiné l’éléphant, dont je lui ferai présent (parce qu’il m’a paru que V. S. Illme en

  1. Cassiano del Pozzo, l’illustre protecteur de Poussin, 1584-1657. — Voir, sur C. del Pozzo : J. Dumesnil, Histoire des plus célèbres amateurs italiens, Paris, 1853, p. 467 et suiv. Et surtout : Lumbroso, Notizie sulla vita di Cassiano del Pozzo, Turin, 1875.
  2. Nous écrirons dorénavant en abrégé, comme Poussin : V. S.
  3. Selon Baldinucci, Poussin « avait l’habitude de se dire l’élève dans son art de la maison et du musée du Chevalier del Pozzo ».
  4. La nature de cette lettre, qui est une demande de secours, la rattache aux débuts difficiles de Poussin à Rome, où il arriva enfin en 1624.