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sibles au vrai texte. Mais Quatremère de Quincy s’est permis des altérations qui ont jeté sur son édition un discrédit mérité :

1o Les termes sont rajeunis, mis à la mode, ennoblis : Poussin parle du front d’un livre, Quatremère écrit frontispice ; le dévotioné serviteur n’est plus que dévoué ; la forme stravagante (20 février 1641) est corrigée en extraordinaire ; quand Poussin souhaite à Chantelou que Dieu veuille bien lui élargir tous les biens désirables, Quatremère remplace ce verbe par combler de. Il est inutile de dire que les vivacités de termes (comme celles de la fin de la lettre du 4 février 1647) ont été supprimées.

2o Le résultat le plus clair de ces altérations est l’affaiblissement : au 6 août 1639, les mille choses poignantes qui passent par l’entendement de Poussin avant qu’il se décide à quitter Rome ne sont plus que peinantes ; ceux qui ont goûté cette chère Rome (18 novembre 1646) deviennent ceux qui l’ont habitée.

3o Vouloir à tout prix réduire les obscurités d’un texte, c’est aboutir souvent à des contresens : ainsi, le 20 mars 1642, Quatremère ne comprend pas quel peut être ce « M. de Chantelou » (il s’agit de Jean Fréart, l’aîné des trois frères) et il le rem-