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Bruges n’étaient qu’un tissu de mensonges. Il demanda, sur l’échafaud, qu’on lui déliât les mains pour qu’il pût signer ce qu’il allait dire : il déclara alors, non-seulement que les trois ministres du duc d’Anjou l’avaient contraint de faire les dépositions qu’il avait écrites à Bruges, mais encore qu’ils avaient agi ainsi du su du duc et du prince d’Orange ; que jamais il n’était entré dans sa pensée de machiner quoi que ce fùt contre le roi de France. Et il signa cette déclaration.

Voilà ce que nous apprennent les lettres de l’ambassadeur Tassis[1], et ces particularités sont confirmées par une relation que M. Taschereau a mise au jour, il y a une vingtaine d’années[2] ; elles le sont aussi par le soin que prit le parlement d’ordonner l’anéantissement des dépositions, lettres missives et déclarations de Salcedo, « pour en oster et esteindre la mémoire[3]. » À la vérité, Henri III, envoyant le sieur de Rambouillet au duc d’Anjou, lui fit dire « qu’il tenait pour faux et mensonger ce que Salcedo avait dit des inductions qui avaient été faites pour lui faire déposer le contenu en la déposition signée de sa main, et les réponses qu’il fit sur icelle, comme il estimait aussi ladite déposition procéder de sa seule malice et calomnieuse invention[4]. » Mais nous ne saurions prendre au sérieux

  1. Nous donnons ces lettres dans l’Appendice G.
  2. Revue rétrospective, 5e série, t. I, 1838, p. 81.
  3. Voy. la sentence du 25 octobre, à la suite des lettres de Tassis, dans l’Appendice G.
  4. Instruction donnée à M. de Rambouillet, le 5 novembre 1582, dans la Revue rétrospective, 3e série, t. I, p. 86.