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des troupes dont se composait l’armée d’Alençon, de celles qu’on y attendait, du chemin qu’elles devaient prendre, et revenir muni de renseignements exacts sur tout cela.

« Il paraît que les gens de là-bas ont arrêté Salcedo ainsi que l’Italien, et leur ont fait subir de cruelles tortures. Ils publient que l’Italien s’est donné la mort avec un couteau, tandis que je suis informé qu’il a expiré dans les tourments, sans faire aucun aveu. Ils disent aussi que Salcedo y avait été envoyé pour tuer le duc d’Anjou, bien qu’ils ajoutent qu’il le nie. Les choses se sont passées exactement comme je viens de le rapporter à Votre Majesté, et non d’une autre manière. Je n’ai voulu parler à cet homme qu’en présence du fils du baron de Licques et de Samblemont ; il n’a été question entre nous que de la citadelle de Cambray et d’informations à me faire parvenir, par le moyen de l’Italien susdit et par toutes les autres voies possibles, sur ce qui se passait au camp ennemi. J’ignore si on l’a envoyé ici pour avoir des prétextes de rupture, ou s’ils ont imaginé d’autres inventions ; mais Votre Majesté peut être certaine que ce que je dis est la pure vérité. Alors même que j’y aurais été autorisé par elle, je ne me servirais pas de semblables moyens pour des affaires qui exigent tant de secret[1]. »

Ainsi le prince de Parme avait voulu faire de Salcedo un espion et un traître ; mais il n’avait pas voulu en faire un assassin.

  1. On trouvera le texte original de cette lettre dans l’Appendice F.