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— LXI —

crime qui venait d’être commis, et de procéder extraordinairement contre tous ceux qui en seraient trouvés fauteurs et complices[1].

Le magistrat, ayant entendu les explications de Marnix, fit avertir les colonels, les capitaines et tous les habitants, que l’attentat qui avait soulevé l’indignation générale était l’ouvrage des Espagnols. Alors l’effervescence populaire commença de s’apaiser. Les chefs de la bourgeoisie armée désiraient pourtant savoir, d’une manière positive, si le prince d’Orange était mort ou en vie ; ils envoyèrent au château un des leurs, le capitaine Léon Petit, pour s’en enquérir. Les serviteurs du prince s’excusèrent d’introduire Petit dans sa chambre : ils lui firent observer que le prince avait besoin de repos ; ils l’assurèrent, pour le tranquilliser, qu’il y avait espoir de guérison. Le capitaine répliqua que jamais les bourgeois ne seraient contents, s’il ne leur rapportait qu’il avait vu le prince. On le fit entrer alors. À la suite de quelques propos, ayant demandé au prince ce qu’il lui plaisait d’ordonner, Guillaume lui dit : « Recommandez-moy bien au peuple, et luy dictes qu’il ne face point de trouble, et, puisqu’il plaist à Dieu me retirer à soy, qu’il obéisse et serve fidèlement à ce prince, parce que je n’en cognoy point en la terre de meilleur et qui luy soit plus propre[2]. » Il prolongea ce discours, faisant un grand éloge du caractère du duc d’Anjou, de sa prudence, de sa dextérité, de l’affection qu’il portait

  1. Bref recueil de l’assassinat, etc.

    Nous donnons, p. 58, l’ordonnance du duc d’Anjou.

  2. Bref recueil de l’assassinat, etc.