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maître[1]. Alors Añastro s’adressa à Juan Jaureguy, qui était employé dans sa maison, en qualité de copiste, depuis plusieurs mois.

Jaureguy, biscaïen ainsi qu’Añastro et Venero, était du même âge que ce dernier[2], mais d’un caractère plus décidé et plus entreprenant, et d’un esprit sombre et opiniâtre. Añastro, lui parlant au nom des intérêts sacrés de la religion, du Roi et de la patrie, le convainquit, sans beaucoup de peine, que le meurtre du prince d’Orange serait un acte méritoire, et Jaureguy, convaincu, ne fit aucune difficulté de se charger de l’exécution. Añastro lui montra une dague dont il pourrait frapper le prince d’Orange, soit lorsqu’il serait à table, soit en lui présentant un placet, et lui désigna l’endroit (derrière l’oreille) où il devrait porter le coup. Quelques jours après, il changea d’avis ; un pistolet lui parut une arme d’un effet plus certain qu’un poignard : comme Jaureguy lui objecta qu’il n’avait jamais manié d’arme à feu, il l’engagea à aller, avec l’un ou l’autre de ses amis, dans l’endroit qu’il lui désigna, s’essayer à tirer le pistolet,

  1. De Thou, liv. LXXV.
  2. Selon de Thou, généralement bien informé des choses de ce temps. W. Herlle, dans sa lettre à lord Burghley, publiée par M. Groen Van Prinsterer, Archives ou Correspondance inédite de la maison d’Orange-Nassau, Supplément, p. 220, donne à Jaureguy vingt-trois à vingt-quatre ans. Le magistrat d’Anvers, écrivant à celui de Deventer, dit que son âge était d’environ vingt-cinq ans (Bijdragen voor vaderlandsche geschiedenis en oudheidkunde, de M. Nijhoff, t. VI, p. 50). Enfin, selon les députés d’Ypres, dans leur lettre du 20 mars, qu’on trouvera à l’Appendice C, il en aurait eu trente.