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— XLIX —

celui qu’elle regardait comme son libérateur, comme son inébranlable soutien : « Le peuple — dit le président Renon de France — luy en tesmoigna plus grande affection, sur ce qu’il s’affligeoit et souffroit pour autant qu’il s’emploioit à sa conservation : car la nature des peuples est telle, qu’ils taschent toujours d’eslever ceux de leur party qu’ils voient en danger d’oppression de leurs adversaires…[1]. » Aveu précieux à recueillir de la part d’un écrivain monarchique ! Réflexion pleine de justesse et qui honore le peuple car il est beau de prendre la défense du faible contre le fort !


IV.


Philippe II, cependant, n’avait que trop bien jugé des conséquences qu’aurait la proscription publique, la mise à prix officielle de la tête du prince d’Orange. Il s’adressait à la fois aux passions religieuses qu’il exaltait, en peignant des plus sombres couleurs les maux faits à l’Église par le prince rebelle, et à une autre passion trop facile à exciter dans le cœur de l’homme, celle du lucre : la cupidité, le fanatisme répondirent à son appel.

La première tentative qui fut dirigée contre la vie de Guillaume suivit de près l’inauguration du duc d’Anjou, François de Valois, comme duc de Brabant.

Il y avait, en ce temps, à Anvers, un marchand espagnol dont les affaires étaient dérangées à un tel point qu’il se voyait exposé à une banqueroute inévitable.

  1. Histoire (inédite) des troubles des Pays-Bas, t. IV, chap. XL.