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actions le mériter) d’estre en bonne estime envers tous les princes, potentats et républicques de ce monde fors envers les Espaignols et leurs adhérents, desquels, persévérants en la poursuite de leur tyrannic, je ne désire ni grâce ni faveur ni amitié quelconque), toutesfois, puisque vous estes seuls en ce monde à qui j’ai fait serment, ausquels seuls je me tiens obligé, qui seuls avez puissance d’approuver mes actions ou de les improuver, je me tiendrai pour bien satisfaict, quand j’aurai receu tesmoignage de vostre part conforme à mes intentions, qui ont esté tousjours conjointes à vostre bien, utilité et service, et endurerai patiemment les aultres peuples et nations en juger selon leurs passions et affections, ou bien, ce que plus je désire, selon l’équité, droiture et justice… »

Entrant ensuite en matière, Guillaume réfute, une à une, toutes les accusations qui ont été dirigées contre lui. Mais il ne se borne point à se défendre : il attaque lui-même, et l’on doit convenir qu’alors il se laisse emporter par la passion ; tous les moyens lui sont bons pour noircir son ennemi ; il ne lui répugne nullement de se servir de faits des plus hasardés, même d’assertions qu’on peut appeler calomnieuses, encore qu’elles s’appliquent à Philippe II. C’est ainsi qu’il impute au roi d’Espagne le meurtre d’Élisabeth de Valois, sa femme, du prince don Carlos, son fils[1], du marquis de Berghes, envoyé par le conseil des Pays-Bas à Madrid en 1566[2], d’une centaine de riches marchands de la ville de Gre-

  1. Pag. 32 de l’édition de Leyde.
  2. Pag. 126 idem.