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— XXXIX —

l’anoblissons pour sa valeur ; et, si le principal facteur prend, pour assistence en son entreprise ou exécution de son faict, aultres personnes, leur ferons bien et mercède, et donnerons à chascun d’iceus selon leur degré et service qu’ils nous auront rendu en ce point, leur pardonnant aussi ce que pourroient avoir mesfaict, et les anoblissant semblablement…[1]. »

Les réflexions suivantes de Montesquieu nous dispensent de toute remarque sur l’édit du 15 mars 1580 : « Dans la proscription du prince d’Orange, Philippe II promet à celui qui le tuera de donner à lui, ou à ses héritiers, 25,000 écus et la noblesse, et cela en parole de roi et comme serviteur de Dieu. La noblesse promise pour une telle action ! Une telle action ordonnée en qualité de serviteur de Dieu ! Tout cela renverse également les idées de l’honneur, celles de la morale et de la religion[2].


III.


Guillaume était à Anvers, où siégeait le gouvernement des provinces insurgées, lorsqu’il eut connaissance de la proscription publiée contre lui. Son premier sentiment fut d’y répondre ; toutefois, avant de le faire, il voulut consulter plusieurs personnages notables, et les conseils de justice qui tenaient le parti des états. Nous

  1. Le prince d’Orange fit imprimer cet édit à la suite de son Apologie. Philippe II se garda bien de l’imiter.
  2. Esprit des lois, liv. XXIX, chap. XVI.