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de Parme, par le motif qu’il était un très-grand coquin, — je reproduis les propres expressions de Farnèse dans une de ses dépêches au Roi[1] — quel jugement l’histoire ne portera-t-elle pas désormais sur ce prélat turbulent et brouillon, aussi dépourvu de principes religieux que de moralité politique[2] ?

  1. Voy.  le t. IV, p. 151, note 1.
  2. Dans sa correspondance avec le Roi, le prince de Parme se plaint souvent de la conduite de l’abbé Vander Linden. Je citerai une de ses dépêches, parce qu’elle me fournira l’occasion de faire connaître une apostille remarquable de Philippe II. Le duc d’Anjou avait fait une tentative sur Bois-le-Duc, où Vander Linden se tenait, depuis qu’il avait quitté le parti des états ; le duc avait des intelligences dans cette ville, et, à l’approche de ses troupes, une sédition y avait éclaté. Farnèse écrit au Roi à ce sujet, le 7 août 1582 : Me afirman que el instrumento principal destos motines es el abbad de Sancta Getrude, como siempre se ha sospechado, y ya es mas que notorio que pretende que aquella se gobierne como república, y ser cabeza della (On m’affirme que l’instrument principal de cette sédition est l’abbé de Sainte-Gertrude, sur la conduite duquel on a toujours eu des soupçons ; et il est, du reste, plus que notoire qu’il prétend faire de la ville de Bois-le-Duc une république, et en être le chef). Farnèse ajoutait que, pour le faire sortir de Bois-le-Duc, il l’avait sommé de venir remplir sa charge de conseiller d’État, et que, s’il s’y refusait, il aviserait aux moyens de le faire mettre hors de la ville. Philippe II écrivit à la marge de ce passage : No fuera malo hecharle mano, que en tales casos no estorban los ábitos (Il n’aurait pas été mal de l’arrêter en des cas pareils, l’habit ne doit pas être un obstacle).

    Cette lettre est aux Archives de Simancas, Papeles de Estado, liasse 585.