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— XXIX —

Sainte-Gertrude, à Louvain, jusqu’au moment où ce dernier fut envoyé par les états généraux au congrès de Cologne. On apprendra, avec autant de surprise que d’horreur, qu’à Cologne, Vander Linden proposa spontanément au duc de Terranova de faire mettre à mort le prince[1], s’il n’acceptait pas les articles d’accommodement présentés par le Roi ; qu’il reçut de l’argent pour l’accomplissement de ce projet ; enfin qu’il tira de Terranova la promesse d’une gratification personnelle de 10,000 écus, au cas qu’il réussît, outre 20,000 écus qui seraient payés au meurtrier ou à ses ayants droit (pp. 13-18, 28 et 29). Si les états des provinces réconciliées, ne connaissant des faits et gestes de Jean Vander Linden que ceux qui étaient en quelque sorte publics, s’opposèrent à son admission dans le conseil du prince

  1. Dans les Mémoires sur la vie de Duplessis-Mornay, sa femme raconte qu’en 1579, la vie de son mari fut en danger, partie à cause des restes d’ung poison qui luy avoit esté donné, « l’an précédent, par un Marseillois, » et elle ajoute : « Ce Marseillois feut, quelque temps après, arresté à Anvers, venant pour empoisonner le prince d’Orange, suborné par l’abbé de Sainct-Gertruden, depuis qu’il eut quitté le parti des estatz ; et ce mesme abbé luy avoit faict empoisonner don Jouan d’Austria, moyennant la somme de 20, 000 florins, avant sa révolte dudict party, dont toutesfois ne luy estoit avancé que la moitié. Les preuves, comme en telles choses, furent défectueuses, bien que la chose très-certaine. Ce galant se vantoit de faire mourir ung homme au seul toucher ; et de faict, ung colonel d’Anvers, nommé Adam Vorhulst, en moureut frénétique troys jours après, l’ayant examiné avec M. Duplessis, qui lors le recogneut… » (Mémoires et correspondance de Duplessis-Mornay, etc. ; Paris, 1824, t. Ier, p. 124.)