Page:Correspondance de Guillaume le Taciturne, prince d’Orange, 1857.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— XXI —

pour la vaincre, de demander des secours d’hommes et d’argent à Madrid.

Une pareille demande ne pouvait parvenir à Philippe II dans des conjonctures plus inopportunes. Il avait en ce moment sur les bras une grosse affaire : celle de sa ligue avec le pape contre l’empire ottoman, et l’argent lui manquait. Ce fut alors que ce roi, qui n’avait pas voulu ramener le prince d’Orange sous son obéissance par des moyens de conciliation, et qui ne se dissimulait plus la difficulté de le réduire par la force, eut recours, pour se défaire de lui, à l’assassinat[1].

Nous ne voudrions point affirmer que la première idée

  1. (’) L’ambassadeur Saint-Goard écrivait à Charles IX, le 10 mars 1573 :

    "… L’on est icy délibéré, comme je puis veoir, d’aplanertoutes choses de ce costé-là (aux Pays-Bas) avecques la force ; et est ce que le roy catholicque a dict, depuis peu de jours, que jamais il ne capitullera avecques ses subgetz des bas pays ; que, s’ilz se voulloient faire dignes de sa miséricorde et grâce, il falloit qu’ilz se désarmassent et rendissent à sa discrétion, et que lors il leur donneroit toute occasion de se louer de sa bonté. Il est en extrême collaire, pour ne véant la diffinitifve de ce faict ne plus ne mieulx advancé, pour la grande despence qu’il luy convient faire tant de ce costé-là que à la ligue, trouvant avecques assez de difficulté tout l’argent qu’il fault gaster tant d’ung costé que d’aultre. Qu’il n’y a rien plus vray qu’ils ont une praticque pour attraper le prince d’Orange ; mais il très-difficille à entendre quelle ; et, à ce que je puis pénétrer, il y a une ville, de celles de Hollande, laquelle tient sa voix, avecques laquelle l’on a praticqué, s’il y va, comme a esté sa coustume, de se rendre aux mains de ses contraires : ayant aussi gens attitrez pour le tuer… » (Bibliothèque impériale à Paris, MS. Saint-Germain-Halray 2333, pièce XVI.)