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dre[1], préludant ainsi au hardi coup de main qu’ils firent quinze mois plus tard. Au commencement de 1572, leur audace s’était accrue avec leur nombre. Ce n’était plus seulement dans les ports d’Angleterre qu’ils trouvaient alors un refuge ; les ports de France leur étaient ouverts aussi. Charles IX, depuis la paix de Saint-Germain ( 8 août 1570), s’était peu à peu affranchi des liens qui l’attachaient à la politique de Philippe II ; il avait récemment admis à sa cour le comte Louis de Nassau, quoiqu’il n’ignorât point le déplaisir qu’en éprouverait le cabinet de Madrid. Les ministres du roi d’Espagne s’étaient plaints, plus d’une fois et en termes très-vifs, de la connivence des autorités maritimes françaises avec les pirates flamands.

À cette époque, Charles IX entreprit ce que Maximilien II avait tenté sans succès en 1568 : il voulut réconcilier le prince d’Orange avec le Roi. Il envoyait en ambassade à Madrid le sieur de Saint-Goard, pour succéder au sieur de Fourquevaulx ; il le chargea d’employer toutes les persuasions possibles, afin de déterminer le monarque espagnol à recevoir en ses bonnes grâces le prince et son frère le comte Louis. Le prince, en ce cas, ordonnerait le désarmement de ses vaisseaux, et les ferait conduire dans les ports de France qui lui seraient désignés.

C’était le comte Louis qui avait supplié le roi très-chrétien de faire cette démarche. Ce seigneur s’offrait pour caution des engagements qu’il prenait au nom du prince. Ni l’un ni l’autre des deux frères, au reste, ne

  1. Correspondance de Philippe II, etc., t. II, pp. 165 et 167.