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— XVII —

Les gueux de mer, méprisés d’abord par le duc d’Albe[1], ne tardèrent pas à lui prouver qu’il avait en eux un ennemi sérieux et redoutable. Ils capturaient les vaisseaux espagnols et flamands jusqu’en vue des ports occupés par les troupes royales, répandaient l’inquiétude sur tout le littoral des Pays-Bas, et, au moyen des intelligences qu’ils avaient dans ces provinces, entretenaient parmi les habitants l’esprit de révolte, auquel les contributions impopulaires du dixième et du vingtième denier vinrent donner une nouvelle force : ils opéraient même des descentes sur les côtes ; en 1570, ils s’emparèrent de plusieurs petits châteaux en Guel-

    plus riche ville qui soit en Hollande ny en ces Pays-Bas après Anvers, ne pouvant ceulx dudict Amstredam négotier par mer sans passer par là. Et depuys ung mois ou environ qu’ilz sont descenduz èsdictes isles, ilz ont prins plus de soixante navires chargés de cires, bledz et de toutes aultres bonnes marchandises……… » ( Bibliothèque impériale à Paris, MS. Saint-Germain-Harlay 228 24, pièce CXVIII.)

  1. Dans une dépêche du 24 février 1570, le baron de Ferrals mandait à Charles IX, après lui avoir donné quelques détails sur les entreprises du sieur de Dolhain et du bâtard de Brederode : « Le duc d’Albe fait armer certain nombre de navires pour les pouvoir aller rencontrer, et n’a pas longtemps qu’il me dict qu’il espéroit de les faire chastier bientôt selon leurs mérites : mais, à ce que je puys comprendre, il s’en fault beaucoup qu’il ne les tienne encores… » (Bibliothèque impériale à Paris, MS. Saint-Germain-Harlay 228 5, pièce IX.)

    Voy. aussi, dans la Correspondance de Philippe II, etc., t. II, p. 167, la lettre du duc d’Albe au Roi, du 22 janvier 1571, où il lui disait que les mouvements des rebelles ne le préoccupaient guère, etc.