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moyen (p. 140), » nous attachons peu d’importance à ces paroles, arrachées à l’assassin par la force des tourments, ou imaginées par lui pour donner le change sur ses véritables intentions.

De tout autres sentiments étaient ceux des membres de sa famille, et à peine l’événement de Delft parvint-il à leur connaissance qu’ils se mirent en mesure de recevoir le prix de l’assassinat. Plusieurs des frères de Gérard accoururent aux Pays-Bas, pour réclamer du prince de Parme les 25,000 écus d’or et les lettres de noblesse offerts par l’édit du 15 mars 1580 à celui qui tuerait le prince d’Orange, ou à ses héritiers. Farnèse les accueillit avec faveur, et, dans une lettre du 20 février 1586, il appuya leur requête auprès du Roi. Cinq raisons devaient, selon lui, déterminer le monarque à y faire droit : 1o les récompenses demandées avaient été solennellement promises ; 2o le défunt avait exécuté son entreprise avec tant de générosité et de détermination, que sa mémoire méritait d’être honorée ; 3o il avait montré une telle constance dans sa passion et dans sa mort, qu’il avait rempli d’admiration tout le monde, et étonné jusqu’aux tyrans eux-mêmes (c’était ainsi que Farnèse qualifiait les membres des états en révolte contre le pouvoir royal) ; 4o une consolation était due à la mère et aux frères et sœurs du défunt ; 5o enfin, l’autorité des princes voulait un exemple qui, à l’avenir, en de pareilles occurrences, portât ses fruits (pp. 220-222).

Mais, à cette époque de misères publiques et privées, le trésor royal aux Pays-Bas était toujours vide. Farnèse voyait donc l’impossibilité de trouver les 25,000 écus qu’il fallait payer à la famille de Balthasar Gérard, et il